RTSL 23.09.2025 TARFAYA
- Jean-Claude Nivet

- Aug 10
- 10 min read
Updated: Sep 2
RTSL 2025
CAP JUBY - TARFAYA
CASA – DAKAR

Bienvenus à Tarfaya-Cap Juby. Poursuivons la lecture des récits de Jean Denis et André Dubourdieu. Mauvaise surprise des Espagnols : Dubourdieu ne peut "s'installer" à Juby comme chef d'aéroplace. Didier Daurat doit tourner en boucle dans son bureau de Montaudran... Après les moteurs défaillants, maintenant ce sont, encore et encore les imprévus diplomatiques. Aucun Bréguet ne doit rester sur le sable de Juby, ordre de Madrid et désaccord important parmi les Officiers espagnols à ce sujet, malgré la diplomatie de Cervera. Dubourdieu est "heureux" de poursuivre sur Dakar , lire son témoignage... Quant à Denis, alias Jidé nous décrit bien l'ambiance régnante entre les Officiers, passionnant de découvrir cette ambiance. Mais, juste avant découvrons le témoignage de Raymond Vanier dans son livre de souvenirs « Tout pour la Ligne ». C’est avec un Français que le colonel Bens réalisa son baptême de l’air, à Juby en 1923, lors de la mission Roig.
Ensuite lisez ce témoignage étonnant du capitaine Roig lors de l'ouverture Casa-Dakar en 1925 dans son livre "Pour que passe le courrier". Il est intéressant, pour l'historien-enquêteur de constater à quels points ces différents témoignages se recoupent positivement, dans l'ensemble.
RAYMOND VANIER
TOUT POUR LA LIGNE

« En donnant le baptême de l'air au colonel Benz, je pus mieux me rendre compte de notre isolement, de l'aridité de ce lieu. A perte de vue des dunes, du sable, une immensité morne d'où, de temps à autre, surgissaient comme par miracle quelques chameaux et leurs cavaliers maures ». Raymond Vanier



ANDRE DUBOURDIEU
SOUVENIRS
Enchantée par cette décision contre laquelle je ne pouvais rien et qui me permettrait de connaître le pays jusqu’à Dakar, je reprenais l’air le 12 mai ainsi que mes deux camarades. Nous avions tout de même trouvé de l’essence à Juby d’où nous repartions assurés du ravitaillement à Villa-Cisneros. Nous nous y arrêtâmes pour cette indispensable formalité.
Tout allant bien décidément, nous parvenions en fin d’après-midi à Port-Etienne en Mauritanie française. Toutefois, quelques bruits insolites et des bouffées de fumée s’échappant des capots m’avaient inquiété vers la fin du trajet : il ressortit de l’examen de mon mécanicien qu’il fallait remplacer le moteur. Une caisse qui en contenait un était fort opportunément arrivée quelques jours plus tôt par voie maritime. Je mets ici l’accent sur un véritable tour de force des trois mécaniciens qui inaugurèrent la longue série de ces petits exploits trop peu connus des mécanos dans le bled. Nous étions le 12 mai, la nuit venait de tomber ; il s’agissait de traîner la lourde caisse à pied d’œuvre, 500 mètres environ dans le sable sans moyen de transport efficace, de déballer le moteur et de le monter en remplacement de l’autre préalablement déposé, cela au moyen d’une chèvre et d’un palan rudimentaires qu’il avait fallu établir. Or le 13 mai, oui je dis bien, le lendemain dès le début de l’après-midi tout était terminé, ce qui nous permettait de poursuivre notre route en direction de St. Louis du Sénégal.
André Dubourdieu

JEAN DENIS
AERODROMES INCONNUS - ERMITAGES SANS NOM,
Souvenirs d’un peintre pilote de ligne

" ... Poursuivre sur Agadir devenant inutile, ils attendirent là deux autres avions de remplacement, qui leur furent bientôt amenés de Casa et, Dubourdieu les ayant rejoints, tous trois décollèrent à nouveau de Mogador pour Agadir.
Ils durent attendre trois jours à cette dernière escale l’ordre de départ pour Cap Juby. Le 9 mai, au lever du soleil, tous trois groupés dès le départ s’envolèrent en direction du sud. Passé Tiznit, ils savaient qu’ils survolaient désormais la dissidence : une brume s’étendait du littoral jusqu’au Djebel Bani. Jidé observa ce pays accidenté, relativement très habité, où il n’y avait, lui semblait-il, aucun endroit propre à un atterrissage sûr. A l’oued Draa, changement de décor. Sans transition, ils passèrent des terres couleur ocre rouge à un pays plat couleur de galette, qui est le désert, un désert rassurant par l’absence de vie, où l’on pouvait espérer se poser sans mal et repartir de même, la consigne étant de se prêter mutuellement assistance en cas d’atterrissage forcé, puis voici à travers la brume qui se déchire la ligne nettement séparée de la terre avec la mer ; passant dessous ils volèrent à quatre cent mètres, poussés par les alizés ; rien ne se voyait d’autre que l’immensité de ce désert sans vie apparente. Enfin, apparaissait au bord de cette côte déshéritée un point rouge facilement identifié : le hangar de Cap Juby puis, tout à côté, le fort avec en son centre un mât d’antenne. Les trois appareils survolèrent maintenant les abords, en font le tour et successivement se posent entre le fort et le hangar. Des soldats espagnols sont là, mêlés à des hommes drapés dans leur guinée bleue, certains ont belle allure. Le capitaine Cervera du corps des officiers invalides, que Jidé retrouve là, se hâte vers les arrivants et les accueille avec sa bonhomie habituelle. Tous quatre s’acheminent aussitôt vers le fort où ils sont reçus par le colonel Bens à qui le capitaine Cervera les présente. Un homme bon, presque paternel, ce colonel Bens. Aussi paiera-t-il d’une disgrâce, longtemps après, ces qualités humaines qui portaient ombrage aux dirigeants de la politique de son pays.
Ces difficultés politiques, les pilotes n’avaient pas à les connaître, mais ils en éprouvaient indirectement les effets. Une rivalité latente entre le colonel et son subordonné immédiat ne demandait qu’à s’extérioriser ; l’arrivée des pilotes en fournit l’occasion. Aussi régna-t-il, dès le premier jour, un certain malaise dans leurs rapports avec leurs hôtes. Ils se sentaient indésirables tout en étant parfaitement traités. Toutefois, cette attente à Juby, qui risquait de se prolonger, ne dura pas grâce aux qualités de savoir-faire du capitaine Cervera qui intervint et sut persuader le colonel dans le sens qu’ils désiraient tous deux. Le 12 mai, au lever du soleil, les trois pilotes mettaient le cap sur Villa-Cisneros, le colonel Bens ayant pris sur lui de les laisser partir malgré la défense faite par le Ministère d’Etat de ne pas leur livrer le ravitaillement en combustible que la Compagnie avait amené à pied d’œuvre.
A Villa-Cisneros, la remise d’une lettre du colonel Bens au capitaine Baron, commandant le fort, leur permit de faire les pleins d’essence et d’huile pendant qu’ils déjeunaient et, aussitôt après, ils décollèrent pour Port-Etienne, où ils arrivaient en même temps que le télégramme annonçant à Collet leur départ de Cisneros. L’un des appareils ne pouvait continuer, les mécaniciens s’employèrent aussitôt à changer le moteur et y travaillèrent une grande partie de la nuit, mais le moteur ne devait être prêt, malgré tout, que le lendemain vers midi.
Collet amena son ami faire la connaissance du lieutenant Le Rumeur, commandant le poste occupé par une demi-compagnie de tirailleurs, sa mission à Port-Etienne étant d’assurer la sécurité de la pêcherie qui représentait une dizaine de personnes, ainsi que la station T.S.F. et tout nouvellement le hangar qui avait son blockhaus individuel.
Une semaine auparavant, par une nuit sans lune, le poste avait été attaqué par une bande de pillards. « Je fus réveillé tout à coup, leur raconta le lieutenant Le Rumeur, par le bruit que faisaient les hommes courant en tous sens en criant « aux armes » ! Je bondis dehors, revolver en mains, l’obscurité était complète ; à la lueur des coups de feu, je tirai sur une silhouette qui m’était étrangère, car j’avais aussitôt réalisé que déjà l’ennemi avait pénétré dans le poste. Ce fut rapide, on était au corps à corps et en l’espace d’une minute tout était fini. Par un hasard incompréhensible il n’y avait ni tué ni blessé, tout au moins dans les soldats de la garnison, seulement des traces de sang dans les barbelés à l’extérieur. Ce fut une chaude alerte et une surprise totale, tout le monde criait et tiraillait pour se donner du cœur au ventre. De ce fait la pêcherie ne fut heureusement pas inquitée, les rodeurs jugeant prudent de disparaître avant les premières heures de l’aube ». « Au matin les avez-vous poursuivis ? » demanda Jidé. « Non, répondit le lieutenant, nous n’avons rien ici pour cela et c’est dommage car, ils étaient obligés de s’arrêter au fond de la baie pour faire boire leurs bêtes, j’étais certain de les atteindre. » Jidé ne dit rien, mais pensa à part lui que l’expérience de la guerre était déjà oubliée, on revenait ici aux bonnes vieilles méthodes d’opposer un homme à un autre homme, alors qu’en moins d’une heure un avion militaire basé ici avec ses mitrailleuses couplées et quelques bombes eût rejoint au point d’eau et anéanti ces pillards qui n’auraient jamais eu l’occasion de renouveler leur raid ailleurs. Et tout cela eût été dit.
Comme ils revenaient vers la baraque montée tout près du blockhaus, dominant de quelques mètres le terrain aménagé pour les atterrissages, Collet s’excusa du peu de confort qu’il avait à leur offrir. En l’absence de lits, tous couchèrent à même le plancher avec pour chacun d’eux, une couverture militaire usagée et trouée que le lieutenant avait pu soin leur faire remettre. D’eau, il n’y en avait pas pour se laver, seulement pour boire, car le bateau l’amenait de Bordeaux et elle était rationnée."
Jean Denis
JOSEPH ROIG
« POUR QUE PASSE LE COURRIER »
Voici la version du capitaine Roig, qui vient de rentrer de sa deuxième mission de reconnaissance des LAL, Lignes Aériennes Latécoère, cette fois en Amérique du Sud. Le capitaine avait-il raison dans ses conclusions de l'époque , ce n'est pas certain ? A vous de juger ...

LA LIGNE EST OUVERTE
Ayant été laissé de côté pour l’organisation de ce voyage...
Le premier courrier officiel part vers Dakar. Latécoère, jugeant les frais pécuniaires trop élevés pour assurer la sécurité par les moyens du Colonel Gaden, lance les équipages en comptant sur la chance. Les pannes des avions vont prouver que le Colonel Gaden avait raison et que la libération des équipages coûtera du temps et de l’argent. Certains y laisseront leur vie.
... Je vis donc arriver à l’aéroplace de Casablanca la première caravane de 4 avions Breguet 14 avec sous les ailes, un aménagement spécial constitué par des boîtes allongées le long des plans, destinées à contenir les sacs de courrier et les aéropaquets.
4 pilotes qualifiés, mais dont aucun n’avait fait partie de mon premier voyage d’étude, allaient se propulser dans l’inconnu. C’était Dubourdieu, Denis, Joly et Gourp.
Leur mise en place débuta le 4 mai 1925. Dubourdieu et Gourp n’allèrent pas plus loin que Mogador où Gourp cassa du bois à l’atterrissage, tandis que Dubourdieu avait un ennui mécanique. Il fallut les dépanner avec deux autres avions livrés à Agadir.
Le 9 mai, Joly, promu Chef de l’Aéroplace d’Agadir, donnait le départ à Dubourdieu, Denis et Gourp pour le Cap Juby où les 3 avions arrivèrent sans encombre. Suivant les ordres donnés par le Directeur de l’exploitation, Dubourdieu devait prendre la responsabilité de l’Aéroplace du Cap Juby.
Là, coup de théâtre : le Colonel Benz refuse l’installation de l’aéroplace. Malgré toute la diplomatie du Capitaine Cervera, il ne cèdera point. Le 12 mai, les 3 équipages reprenaient leur vol vers le Sud, et après le ravitaillement à Villa Cisneros, allaient atterrir à Port Etienne le soir même. Le moteur de l’avion de Dubourdieu était à changer. Heureusement, Port Etienne venait de recevoir un moteur qu’un bateau avait, au passage, déposé sur le môle. Tour de force du mécanicien Sirvin : le moteur fut remplacé dans la nuit, et le lendemain 13 mai, dans l’après-midi, les trois avions repartaient sur Saint-Louis qu’ils rejoignaient après un atterrissage de fortune de Gourp, dont le radiateur avait une fuite d’eau.
Le 14 mai, les équipages étaient à Dakar et attendirent de nouveaux ordres.
JOSEPH ROIG
LES COURRIERS DU JOUR...
Les chefs d'aéroplaces s'écrivent, l'un, Julien de Casablanca et l'autre, Lambert de Dakar, à l'occasion du premier Casa-Dakar le 1er juin et du premier Dakar-Toulouse le 6 juin 1925 par Lécrivain et Denis, mais pas que, mais pas qu'eux ... A suivre très bientôt...
Archives exceptionnelles Marylène Vanier.




LES CARTES DU JOUR
Archives Fondation Latécoère
Continuons de révéler la suite des cartes du Casa-Dakar de 1925. Elles correspondent à l’étape du jour où, plus souvent, à l’étape du lendemain. Elles sont aussi à découvrir sur le site de la Fondation Latécoère : latecoere.com/leshommesdelaligne ou latecoere.com/rtsl.. Je m’adresse aux participants de notre Rallye et à nos lecteurs de notre Newsletter quotidienne, bien sûr.


LES DOCUMENTS ET PROMOTIONS DU JOUR ...


LA COLLECTION AEROPHILATELIQUE DU JOUR
LA COLLECTION PIERRE LAZUECH
Je remercie très sincèrement Pierre qui m'a toujours ouvert les portes de sa maison, ses albums, à l'époque où je n'avais presque rien ! De la photographie des documents en argentique des débuts à la numérisation moderne d'aujourd'hui. Merci Pierre, je t'adresse mon infinie reconnaissance et t'adresse toute mon amitié. A découvrir sans commentaires !

















