RTSL 02.10.2025 ALMERIA
- Jean-Claude Nivet

- Aug 12
- 8 min read
Updated: Sep 12
RTSL 2025
ALMERIA

Pour cette avant-dernière étape de notre Toulouse-Saint-Louis, il me serait agréable de vous parler des lignes Latécoère de la Méditerranée mais il me semble que le sujet est assez complexe pour l'aborder sur une étape. En fait, j'ai envie de rendre hommage à un très grand pilote de la ligne France Amérique du Sud. Vous avez devinez, je veux parler de Raymond Vanier. Non seulement bon pilote, chef d'aéroplace, organisateur mais, ce qui m'intéresse beaucoup aussi : très bon photographe et collectionneur. Alors, après un hommage à Achille Enderlin par Didier Daurat lui-même et aux hommes de la Méditerranée, du Marseille-Alger à travers quelques portraits, je souhaite vous présenter, sur ces deux dernières étapes quelques clichés "3D" de Raymond Vanier et de son photographe Gaspard. Demain nous n'oublierons pas les équipages des "hydros" et leurs anges gardiens : le capitaine Sébastien Roquefort, l'Homme qui sauva, avec ses équipages, tant de pilotes, de mécaniciens et de radios sur la ligne Marseille-Alger. Alors, dans les jours qui viennent, en passant par les Baléares, pour ne pas oublier ... Pour ne pas oublier Jean Mingat et Joseph Salvadou et leurs compagnons d'infortune de cette année 1925.

Et, pour notre étape de demain qui nous mènera d'Almeria à Menorca, si les conditions météo, les Autorités espagnoles et bien sûr notre Directeur des vols nous y autorisent, je vous suggère d'inclure le survol, entre mer et montagne, de la Sierra de Tramontana sur toute sa partie nord, de la Dragonera à l'Ouest, à Cap Formentor, à l'Est, en passant par Puerto Soller, dans votre plan de vol. Ceci afin de vivre totalement les deux aventures vécues par les Aviateurs Latécoère et Aéropostale de la Méditerranée des LAL dont nous évoquerons le souvenir demain.
HOMMAGE AUX AVIATEURS DE LA MÉDITERRANÉE

De gauche à droite : Achille Enderlin, Paul Morvan chef de base à Oran, Jean Carrey mécanicien navigant, X, Vincent Riera, mécanicien navigant devant le "fameux" Laté XV.
Archives Musée Air France
DIDIER DAURAT
DANS LE VENT DES HELICES
Enderlin,
Un grand pilote !
A plusieurs reprises, des incidents mécaniques contraignirent les équipages à amerrir. Un jour que nous étions sans nouvelles de Mingat et Ducaud, quatre pigeons vinrent se poser à Alicante, porteurs de messages. Vachet décolla sans plus attendre à la recherche des naufragés.
Ils étaient tombés en panne à neuf heures du matin à la suite d'une salade de bielles qui avait déclenché un commencement d'incendie. Mingat était parvenu à poser son appareil désemparé sans pouvoir alerter sa base par radio. Il confia un billet aux pigeons et, devant la voracité des flammes qui couraient sur l'hydravion, dut sauter à la mer avec son compagnon. Un flotteur, providentiellement détaché de l'épave, se trouvait là; ils s'y agrippèrent. C'est de là qu'ils assistèrent à la destruction totale de leur hydro.
Trois heures plus tard, ils aperçurent enfin un paquebot et tentèrent en vain d'attirer son attention. Puis, ce fut Vachet qui tourna au-dessus d'eux sans les voir. Enfin, la vedette de la Compagnie apparut et les recueillit. Soulagé, Vachet, de son poste de pilotage, vit les marins hisser par-dessus leur bastingage, deux paquets ruisselants.
Après Mingat et Ducaud d'autres aviateurs tombèrent en mer: Gauthier, Munar, Hurevoix, Schwaler, Le Duff, Larmor, Riera, Larbonne, Bossard. Tous furent sauvés par la petite unité commandée par le capitaine Roquefort. Ce Catalan les ramena tous sains et saufs, et lui, qui avait couru sur tous les océans, contracta, à aider les autres, une maladie qui le condamna à l'inactivité.
Je voudrais, avant de clore le chapitre de la ligne de la Méditerranée, parler d'un grand pilote: Enderlin. Il est mort le 31 décembre I927 aux commandes d'un Laté-23, mais c'était un des plus fameux aviateurs que j'aie connus.
Lorsque j'arrivai à Toulouse, en octobre 1920, je l'engageai comme mécanicien. J'étais loin de me douter qu'il était pilote. C'était un Alsacien, enrôlé de force dans l'armée allemande et cela lui valait une certaine méfiance de la part de ses camarades. Moi, je l'appréciais. Il travaillait avec sérieux et compétence. Un jour, il me fit ses confidences et j'appris qu'il avait combattu contre nous en qualité de pilote de chasse. Je décidai de l'essayer. Lui qui ne s'était plus assis aux commandes d'un avion depuis des années et qui s'astreignait à une besogne obscure depuis des mois, se révéla sûr, adroit et expérimenté dès son premier vol. Avec l'accord de Latécoère je lui confiai la réception des appareils construits par ses Usines. C'est à lui qu'on doit la mise au point de la plupart des Laté qui ont servi à tracer la Ligne.
Il était d'une virtuosité exceptionnelle. Je me rappelle qu'un jour, l'arrachement en plein vol de son plan de dérive le contraignit à se poser dans un petit pré, au beau milieu des vignobles de Château-Yquem. Il réussit un atterrissage impeccable, répara lui-même son quadrimoteur et repartit comme il était venu.
—Je n'ai pas touché un seul cep ! Me déclara-t-il. Ils font de trop bons vins !
Au début, il parlait difficilement le Français; à la fin il s'exprimait et raisonnait comme le meilleur d'entre nous.

HOMMAGE AUX MÉCANICIENS DE LA MÉDITERRANÉE
PIERRE CHAULET
"Je suis rentré dans l'aviation civile le 14 septembre 1920 aux Lignes Aériennes Latécoère. ... En 1925, je suis affecté comme chef mécanicien à Alger pour la ligne hydro Alger-Alicante où je reste 10 mois. À la fermeture de cette ligne, je suis rappelé à Toulouse où je m'occupe du prototype Laté 32, dont j'effectue tous les essais sur l'étang de Berre et à Saint-Raphaël avec le chef pilote Enderlin. Au retour je suis affecté chef mécanicien à la nouvelle ligne hydro Marseille-Alger où j'effectue les premiers voyages, et par la suite, d'autres traversées... " Pierre Chaulet
JEAN CARREY
Service dans la Marine nationale comme mécanicien navigant sur le dirigeable Dixmude, libéré comme quartier-maître. Embauché aux Lignes Latécoère en 1924, affecté sur Alicante-Oran jusqu'en 1927, volant sur LéO H-13 comme mécanicien navigant. Premier mécanicien le 26 septembre 1928 sur la ligne Marseille-Alger en 1929. Naufragé le 26 août 1929 au nord de Minorque, allant d’Alger à Marseille et récupéré par le navire El Goléa. Remarquable boute-en-train.
PAUL MORVAN
Passe à l’aviation en 1917 à Chartres. Breveté pilote de la Marine, affecté aux Dardanelles en 1918. Après la guerre affecté à l’escadrille de Toulon, démobilisé en décembre 1920. Entre à la Compagnie Franco-Bilbaine, puis chez Latécoère le 28 avril 1923. Breveté pilote de transport public n° 0 772 de juin 1923. Chef d’aéroplace à Oran en 1926 vole sur Alicante-Oran jusqu’en 1927. Après des années sur Marseille-Alger, est rayé du personnel navigant à la suite d’une visite médicale en 1927. Nommé chef de base à Oran, puis chef d'aéroplace à Alger en 1929. Devient directeur adjoint du réseau Méditerranée à la création d’Air France.
UNE ANECDOTE BIEN SYMPATHIQUE :
PAUL MORVAN : UNE PANNE EN FAMILLE...
" Le 1er mars 1924, quatre jours après mon mariage, je quitte Toulouse sur un hydravion Lioré et Olivier bimoteur 140 ch. Hispano (Lé0 13) avec, comme passagers, ma femme et le mécanicien Schwaller. Le départ du Portet, sur la Garonne, fut normal quoique le graissage du moteur droit semblait défectueux. Au dessus de Carcassonne, à 1.100 mètres, l’aéro thermomètre cessa de fonctionner. Au sud-ouest de Palamos, tout à coup usure de bielle au moteur droit. Je descends en spirale pour venir amerrir auprès du dépanneur Aviateur Genthon qui la veille, avait relâché à la Nouvelle, par suite du mauvais temps. L’amerrissage s’effectue de façon normale avec 2,5 mètres de creux par forte brise du sud-ouest. J’avais soigné ma descente pour éviter des émotions à ma jeune femme. Le dépanneur approche ; met un canot à la mer pour embarquer les passagers. L’opération est délicate à cause de la houle. A un moment, tenant ma femme dans mes bras comme un enfant, je profite du moment où le canot se trouve à la hauteur de l’appareil pour la lancer dans l’embarcation où elle est reçue tant bien que mal par un matelot. Le mécanicien saute à son tour et moi enfin. Nous déhalant sur la remorque, nous arrivons au navire qui se trouve en travers de la lame si bien que, ne pouvant manœuvrer correctement, nous nous trouvons sous l’avant du bateau qui risque de nous assommer. Nous montons enfin à bord du dépanneur qui prend la remorque. Atteint du mal de mer, le mécanicien se couche sur le panneau de la machine et ne bouge plus. Ma femme est assise au pied du capitaine et se cramponne à l’un des montants de la passerelle. »
HOMMAGE A RAYMOND VANIER
LE ROI D'ESPAGNE ALPHONSE XIII SIGNE SON CARNET DE VOL







Raymond Vanier : impressions et sensations ! Album photographique familiale.
LES PHOTOGRAPHIES 3D DU JOUR
PAR RAYMOND VANIER
POUR LE PLAISIR DES YEUX
J’ai choisi de vous les présenter dans leur format d’origine 3D, afin de donner une certaine émotion à ces témoignages de grande qualité, pour les passionnés de photographie, et plus... Bonne découverte de la vie sur la ligne, un jour ordinaire.... Et Bon Anniversaire au Casa-Dakar dans le cadre de notre 41ème Rallye Toulouse-Saint-Louis du Sénégal.










RAOUL VAREILLES ET EMILE BIDEAU,
LA CONSCIENCE PROFESSIONNELLE
EMILE BIDEAU
Pilote entré aux Lignes Latécoère en août 1925. Forcé par le mauvais temps, le 25 novembre 1925, à un atterrissage en campagne à Calahonda, peu après son départ de Malaga. L’avion est récupéré un peu plus tard par le chef d’aéroplace de Malaga, Raoul Vareilles. Il "récidive" le 22 décembre suivant en endommageant sa machine au décollage d’Alicante. Le 6 décembre 1926, parti d’Alicante, il subit une panne moteur qui l’oblige à tenter un atterrissage sur une petite plage entre Torrox et Nerja, l’avion est en grande partie détruit, le pilote et les deux passagers sont blessés. Emile Bideau quittera la Ligne en avril 1927 : départ volontaire ou départ imposé par le chef d'exploitation, qui sait ? Et pourtant le pilote n'a pas démérité ...

HOMMAGE A JEAN MINGAT ET JOSEPH SALVADOU
CE JOUR DU 26 JUIN 1925 A ALICANTE
POUR NE PAS OUBLIER
JEAN MINGAT
Né à Angoulême le 12 mai 1900, élève officier de la marine marchande, service dans la Marine nationale. Elève pilote le 1er juin 1921, breveté pilote militaire - avions et hydravions - n° 0 798 le 31 décembre 1921. Avec 210 heures de vol militaires plus 150 dans les réserves au 27 décembre 1922, entre aux Lignes Latécoère le 24 octobre 1923. Breveté pilote de transport public en janvier 1924. Le 15 avril 1925 une panne d’allumage force à l’amerrissage au Cap Palos. L’hydravion est pris en remorque par des pêcheurs. Décédé par accident aérien le 26 juin 1925 à Alicante avec le mécanicien Joseph Salvadou.







